Les Von Pariahs, nantais programmés lors des Transmusicales 2012, étaient de retour à Rennes pour un concert à l’Ubu le 21 novembre. L’occasion de poser quelques questions à Sam, chanteur, et Théo, guitariste.
Montés sur scène après The Struts, les Von Pariah ont fait péter les décibels pour présenter leur premier album Hidden Tensions. Mais avant que les amplis n’aient vibré, rencontre avec un groupe en pleine tournée. Six musiciens, un album, de quoi discuter rock de Nantes à Rennes.
■ Partir dans la musique avec un drôle de nom et en étant vendéen, est-ce que c’est pas un peu compliqué ?
Théo : le nom on l’a choisi, donc c’est pas un souci, et justement tu sors du lot en étant Vendéen et en faisant un truc de qualité.
Sam : en arrivant sur Nantes, c’est vrai qu’il y avait un a priori vis à vis de la Vendée. Mais le premier concert qu’on y a fait les mecs ont halluciné « ça existe ça en Vendée ? ». Ben oui, ça existe !
■ Vous avez fait les Transmusicales en 2012 avec juste quelques titres sous le bras. On se sent comment dans ces cas là ?
Théo : en fait le groupe existe depuis quatre ans et chaque année on a enregistré un Ep jusqu’à en arriver à l’album. Avant ça il y avait eu aussi les Fat Pandas avec qui j’avais enregistré. En fait ça nous est pas tombé tout cuit dans la bouche, on a écumé les cafés concerts et les bars, on a fait des dizaines de concerts dans des conditions moyennes, devant des publics pas du tout réceptifs. Au début de Von Pariahs on se contentait de jouer dans des petits lieux, avec presque personne devant nous. C’est à partir du moment où on est venus sur Nantes qu’on a commencé à passer un petit niveau dans les salles de concert. Puis les Transmusicales ça a encore monté d’un cran; c’est allé progressivement.
■ Au niveau du travail de composition, comment ça se passe ?
Sam : c’est toujours la musique d’abord, composée par Théo; c’est toujours en répète que ça se passe, il se ramène avec un riff de guitare ou alors toute une chanson, c’est à dire toutes les parties, basse, batterie, claviers. Moi sur le moment je suis plus ou moins inspiré, pour écrire des paroles; soit sur le moment, soit en allant piocher dans des textes déjà écrits et constituer une chanson avec tout ça.
« L’inspiration de la musique et des textes vient du quotidien, et dans n’importe quelle vie, il y a toujours des tensions. »
■ L’album est intitulé Hidden Tensions; cette histoire de tension, qui transpire dans la nervosité des titres, c’est votre tempérament ou c’est une esthétique choisie ?
Sam : ça reflète assez bien nos personnalités. Notre musique vient de nous donc elle reflète ce qu’on est ou la façon dont on agit.
Théo : il y a des tempéraments plus calmes dans le groupe, c’est ce qui en fait aussi l’équilibre. Mais comme disait Sam, les morceaux venant majoritairement de moi et étant une personne assez nerveuse, forcément je pense qu’il y a plus de morceaux tendus. L’inspiration de la musique et des textes vient du quotidien, et dans n’importe quelle vie il y a toujours des tensions.
■ Avec ce disque sorti il y a deux mois, qui a été largement salué par la presse, avez-vous l’impression d’avoir conquis un public ?
Sam : ça dépend des concerts. Ce qui est sûr c’est que sur la tournée il y a du monde à chaque concert. Après on peut pas trop juger si c’est un public qui vient pour nous découvrir ou qui est déjà conquis par notre musique. On peut quand même voir que la grosse différence par rapport aux concerts qu’on faisait avant c’est que les gens connaissent les paroles ou reconnaissent au premier accord d’un morceau.
Théo : c’est vrai qu’en plus on joue pas uniquement pas sur l’immédiateté comme peuvent le faire de gros artistes qui sont plus axés pop, où il faut pas trop réfléchir pour comprendre une musique. On essaie de mettre des petites subtilités dans nos chansons, tous les titres de l’album viennent pas immédiatement, il faut faire l’effort de se plonger dedans.. On a pas envie de dire « quand vous allez entendre notre truc, tout le monde va être conquis direct », faut que les gens fassent un petit effort et c’est ça qui nous plait déjà en tant qu’auditeurs, on aime écouter des groupes qui ont plusieurs « couches ».
■ On a cité beaucoup d’influences concernant votre musique, de Joy Division à Franz Ferdinand, vos icônes musicales, ce serait lesquelles ?
Théo : il y a plein de choses qui m’ont marqué, mais j’ai pas d’icône en particulier.
Sam : moi je suis passé des cassettes de pop mainstream à Marilyn Manson et Eminem, puis la rencontre avec Théo qui m’a fait partager la bibliothèque de son père, qui était principalement punk. A partir de là on est devenus des fous de zik, ça a créé notre culture musicale.
■ C’est essentiellement du rock ou c’est plus large ?
Sam : c’est au fil des rencontres et des années, tu prends de la maturité, et c’est au gré des personnes; un multi-instrumentiste par exemple m’a fait découvrir plein de jazz, de musiques expérimentales, et je pense que sans en avoir parlé avec lui j’aurais pas compris, avec le temps tu acquiers des clés supplémentaires.
Théo : oui c’est grâce à des rencontres. On cherche avant tout à rentrer dans des univers, c’est une manière de développer notre imagination aussi. Après c’est sûr qu’il y a forcément des choses qui nous plaisent pas dans certains styles.
■ Vous avez déjà de nouveaux titres qui sont prêts, même si la tournée finit en 2014, vous réfléchissez déjà à un album suivant ?
Théo : j’irais pas jusqu’à dire qu’on réfléchit au prochain album; c’est plutôt un fil rouge de composition depuis le début du groupe qui fait qu’on s’arrête pas de créer. Même là en tournée si on rentre deux jours sur Nantes on va en répète, et on y joue pas le set; on joue de nouveaux morceaux, même s’ils vont pas être forcément gardés à l’avenir. On envisage pas les choses sur le long terme mais au jour le jour; si on a la possibilité à un moment donné de rentrer en studio et d’enregistrer un deuxième album on le fera. Pour le moment on profite vraiment du moment présent, de ce premier album, de la tournée; c’est un rêve de gosse, c’est mortel.
« On est meilleurs que les groupes rennais ! »
■ Ce soir vous jouez sur Rennes; on oppose ou compare souvent la dynamique de la ville avec Nantes, vous vous situez comment là dedans ?
Sam : je vais faire une comparaison avec le foot. Nantes était un peu tombée en L2 et là elle est remontée plus haut.
Théo : en tous cas on est meilleurs que les groupes rennais ! Non on a beaucoup d’amis sur la scène rennaise, il y a Victor et Simon des Pops qui sont venus enregistrer avec nous sur l’album, notre ingé son est rennais, donc il y a beaucoup de liens. On en a aussi sur Nantes, ça y vit beaucoup mais je pense que c’est pareil partout. Y a pas de concurrence, faut s’entraider et faire de la bonne musique.
■ Votre dernier coup de cœur musical ?
Théo : j’ai écouté hier soir le dernier single de Beady Eye, Soul Love, j’ai trouvé ça mortel.
Sam : moi ce sera un film, Electric Children.