Le 21 novembre 2013 Yolande Moreau présentait au ciné-TNB, en avant-première, son nouveau film sobrement intitulé Henri.
Yolande Moreau, on la connaît surtout comme comédienne chez les Deschiens au théâtre. Au cinéma, elle a incarné différents personnages, notamment celui de Séraphine dans le film éponyme. Son premier film, Quand la mer monte, a déjà dix ans de succès derrière lui. Celui-ci est le second.
On est dans le Nord de la France. Henri, une sorte de gros ours un peu pataud et peu loquace, tient avec Rita, son épouse, un restaurant populaire. Il a une passion : les pigeons, la colombophilie. Brusquement, Rita meurt. Henri se retrouve seul, désemparé. Il boit de plus en plus. Au restaurant, il lui faut quelqu’un pour l’aider. Il embauche Rosette, une jeune fille atteint d’une légère déficience mentale qui est hébergée au foyer des « Papillons blancs » tout proche.
Ces deux solitudes vont se trouver et c’est une relation toute de tendresse, de pudeur, d’humanité qui va s’instaurer entre eux. Mais entre l’ours vieillissant et la fragile poupée, entre leurs sentiments et le regard de la société, la voie est étroite. Rien n’est aisé…
Pour la réalisatrice également, la voie était étroite. Le film est constamment sur la lame du couteau, mais Yolande Moreau a su trouver la bonne distance. Son regard sur les personnages est constamment juste. Jamais elle ne tombe dans le ridicule ou dans le pathos. Constamment, on sent, comme dans son premier film, cette sympathie pour les « gens de peu » qu’elle filme comme on caresse.
Henri est plein de moments poétiques, d’échappées, d’envolées comme celles des pigeons, comme celles de « papillon » puisque c’est ainsi qu’Henri (un personnage campé par Pippo Delbono que l’on a vu l’an passé sur les planches du TNB) appelle Rosette. Il faut aussi noter la bande-son, les choix musicaux toujours beaux et pertinents dans ce film où le silence parle beaucoup.
Sortie le 4 décembre 2013.
Article signé Maurice Le Rouzic.