Trois ans après Les Mémoires de l’éléphant, le chanteur Sam Verlen revient avec un projet intitulé Divagations. L’occasion de lui poser quelques questions avant son concert au Jardin Moderne le 23 novembre 2013 où il partagera la scène avec Calico et Filip.
■ Sam Verlen bonjour ! Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu présenter ton parcours et ta musique ?
Sam Verlen c’est de la chanson, plutôt pop aujourd’hui. Qui dit chanson dit au départ des textes, je travaille avec un parolier rennais qui s’appelle Christos, j’écris quelques textes aussi mais je me plais plus à habiller ses textes en étant compositeur et arrangeur. Je viens plutôt de la musique classique au départ, donc rien à voir avec la chanson; je m’y suis mis sur le tard, en 2010, où j’ai fait ce premier album Les Mémoires de l’éléphant qui était l’aboutissement de mes expériences passées. J’ai fait partie d’un groupe de rock celtique aussi, donc rien à voir ! Aujourd’hui mon nouveau projet s’appelle Divagations, et j’ai pris plus de temps pour mûrir le choix des textes, des chansons, et aussi pour monter le projet de façon plus professionnelle avec des accompagnants, à la fois pour la scène et pour le disque, avec les musiciens et des partenaires de salles.
■ Ça explique cette durée de trois ans depuis le précédent album..
D’une part on a tourné, j’ai fait d’autres projets musicaux, et puis j’avais besoin de reconstruire des choses dans ma vie pour pouvoir écrire. Il fallait que je vive de nouvelles choses pour pouvoir les exposer, composer..
■ Justement ça se passe comment ce travail d’écriture; tu choisis des thèmes au hasard ?
Là en l’occurrence non ! Autant sur le premier album j’avais envie de plein de petites histoires, un peu fantaisistes ou drôles, autant là je suis plus parti dans une thématique, et j’ai choisir beaucoup de textes de Christos en fonction de ça, on en a pas mal discuté, et ça s’est fait assez naturellement. Au départ assez inconsciemment, j’étais en pleine « crise de la trentaine »comme on l’appelle, j’ai voulu en parler, une sorte d’introspection, ce qui se passait dans ma tête, mais aussi beaucoup d’amis qui vivaient la même chose. L’idée de raconter tout ça sous forme poétique et avec le recul que permet la chanson.
■ Pour la musique tu composes tout ?
Oui, j’aime beaucoup les arrangements aussi; je fais pas de chanson classique au sens guitare voix, c’est pas mon truc, et j’apprécie beaucoup la musique riche et arrangée, tout en aimant les textes donc j’essaie de trouver un bon compromis entre les deux. Pour le concert on a retravaillé les compositions avec les musiciens, chacun a amené sa patte, en comprenant bien ce que j’avais en tête. Il y a aussi Philippe Prohom qui est intervenu; il est venu pour deux résidences avec nous travailler sur le propos, l’interprétation, et sur les arrangements, l’ordre du set, de façon à ce qu’il se passe quelque chose sur scène.
■ Ce nouveau projet Divagations sort d’abord en numérique; comment ça se passe ?
C’est à dire que j’adore l’objet disque, mais il faut bien l’avouer il est quasiment mort, et pour un Ep, n’ayant pas eu les moyens de refaire un album entier, j’ai choisi de ne pas le sortir avec un distributeur. Il sort donc d’abord en numérique, il sort également en physique mais qui seront vendus à la fin des concerts ou par correspondance.
■ Donc l’outil internet te parait aujourd’hui indispensable ?
Oui bien sûr. Pour un artiste comme moi c’est une bonne façon de se faire connaître. Après il y a tellement d’artistes qu’il faut réussir à se distinguer par la communication et tout simplement par les contenus. C’est vrai que ce que j’avais travaillé avant tout c’était la musique, pendant tout un temps j’ai pas communiqué dessus, l’important c’était de me concentrer à faire la meilleure musique que je pouvais. Et puis le meilleur concert possible. Donc j’espère que c’est ce qui va toucher les gens avant tout et me fera un peu plus connaître !
■ Tu as aussi fait de la musique pour un spectacle pour enfants; tu fais beaucoup d’autres échappées ?
Oui je fais plusieurs musiques de spectacles, je commence aussi à faire des musiques de film et ça me plait énormément. C’est pas du tout le même univers, puisque là je suis plus dirigé par des metteurs en scène ou d’autres artistes qui sont pas forcément musiciens, qui n’ont pas les mêmes notions, et ça va pas forcément être pour de la chanson, ça peut être du rock, du hip hop, du jazz. Ce qui m’intéresse c’est de partir dans d’autres directions, de me mettre un peu en difficulté, de trouver des musiques qui vont coller parfaitement au spectacle. Ça permet de progresser et d’explorer de nouvelles choses.
■ Avant d’explorer on est toujours influencé ! Quelles seraient tes influences principales ?
Les hommes et les femmes, pour moi c’est vraiment essentiel, ce qu’on vit au quotidien, comment on se comporte en société. Là je sais que tu parlais d’influences musicales, mais au départ c’est bien ça, une chanson c’est ce qu’elle raconte et ce qu’on veut faire passer. Pour la musique, je viens du classique, et la pop m’a toujours accompagné; je suis plutôt influencé par des choses sixties sevnties, au niveau des guitares, des sons, des synthés. Après je suis ouvert à tout type de musique, donc je peux pas parler d’une influence principale même si sur ce projet j’ai voulu aller vers de la pop très chorale, avec tout le monde qui chante et une grosse énergie.
« Être au hit parade et devoir sacrifier toute sincérité pour pouvoir faire quelque chose, je m’en fiche. »
■ T’as pas l’impression que c’est un peu plus difficile aujourd’hui de défendre de la chanson pop en français ?
Complètement. Sans parler de chanson pop, mais juste de chanson en français c’est presque un acte militant ! Mais en même temps monter sur scène c’est un acte militant, même si on chante pas des textes engagés, on est engagés quand on est sur scène ou alors on a rien à y faire. C’est vrai que c’est dur à défendre un projet comme ça, mais à partir du moment où c’est fait avec sincérité, avec des convictions, je pense que les gens ça les touche et ils le voient, en tous cas on le ressent sur scène, et pour moi c’est ça qui est le plus important. Être au hit parade et devoir sacrifier toute sincérité pour pouvoir faire quelque chose , je m’en fiche.
■ Samedi soir tu joues au Jardin moderne pour la sortie du disque avec Calico et Filip. Tu peux nous en parler ?
C’est le jour qu’on avait fixé pour la sortie du disque numérique, donc je vais en profiter pour amener des disques physiques. On invite deux groupes que j’aime beaucoup qui s’appellent Filip et Calico, qui sont des copains avec qui je fais plein de projets aussi. C’est l’occasion de se retrouver, sachant que les deux sont aussi dans des textes en français et on une esthétique qui est finalement pas si éloignée de la mienne. Je pense qu’on se complète assez bien sur cette soirée.
■ En ce moment un article du Mensuel de Rennes tente de faire parler les gens sur la culture à Rennes. Quelle en serait ta vision ?
Déjà je trouve qu’elle est très riche, ce qui est quelque chose de positif. Après comme partout il y a beaucoup de réseaux, mais ça fait partie du milieu culturel. Ce que je dirais juste par rapport à ça c’est que les artistes devraient avoir plus de place dans ces choix artistiques. Les artistes ont été beaucoup été infantilisés, avec d’un côté le royaume des programmateurs et de l’autre un nid d’artistes dans lequel ils viennent piocher, même si le jeu c’est aussi de tisser des liens avec eux; pourquoi pas des salles avec des artistes qui gèrent eux même cette programmation ? C’est un peu ce qu’on fait au Pratos où je travaille régulièrement sur Saint Thual, un collectif de compagnies d’artistes qui s’autogère, qui a sa propre programmation, pour eux mais aussi pour d’autres artistes qui sont accueillis et accompagnés. Heureusement beaucoup de salles vont dans ce sens local; j’ai été beaucoup aidé à Liffré, à Pôle Sud, au Jardin, c’est un vrai engagement de leur part, une vraie confiance d’accompagner comme ça des projets qui sont même pas nés. C’est génial d’avoir cette chance là.
■ Pour conclure, quel serait ton dernier coup de cœur artistique ?
En ce moment.. (rires) j’écoute assez peu de musique car j’en fais beaucoup. Je dirais un spectacle que j’ai vu à Liffré qui s’appelle Au Voleur ! Du théâtre autour de la violence conjugale, donc un thème pas facile mais avec une vraie prestation d’actrice, un beau panel d’émotions, avec un violoncelle et une comédienne. Et c’est très très beau.
Sam Verlen sera en concert au Jardin Moderne le samedi 23 novembre 2013 avec Calico et Filip