13h de théâtre. 13h pour un défi. 13h de Shakespeare. Henry VI, Thomas Jolly, et une abracadabrantesque mise en scène.
Dans le cadre du festival Mettre en scène avait lieu le week-end dernier, la spectaculaire représentation de Henry VI, une trilogie shakespearienne narrant près de 40 ans du règne de ce roi anglais, mise en scène par Thomas Jolly sur une durée de 13h. Il achève ainsi ce qu’il avait entamé avec le « Premier cycle » créé en 2012 au Trident (Cherbourg).
Tenter de commenter l’excellent décor, à la fois maniable, symbolique mais parfaitement opérant, ou encore l’excentricité et la justesse des costumes, l’utilisation ingénieuse des lumières, musiques et effets sonores sur 13h de pièce serait vain. Car, malgré la longueur (qui a pu en faire reculer plus d’un), Thomas Jolly réussit son œuvre avec brio : en utilisant la traduction contemporaine de Line Cottegnies, il relève tout l’humour du texte (car oui, Shakespeare est drôle !). Pour servir le tout une pléiade d’acteurs à l’époustouflant talent, issus de la Piccola Familia, la troupe du metteur en scène. C’est bon. C’est même très bon, sans prétention, le travail collectif se fait sentir et à tout juste 30 ans, cet ancien élève du TNB au regard novateur fait preuve de virtuosité dans sa mise en scène rocambolesque.
On en sort avec plein de choses à dire, on voudrait tout raconter à tout le monde, mais la seule chose que l’on résume est la formidable et tumultueuse ovation du public. En effet, aussi rare que cela soit, la salle Jean Vilar a connu en cette journée du samedi 09 novembre un public furieusement déchaîné. Au fur-et-à-mesure que la pièce avançait, à la fin de chaque entracte, les spectateurs étaient bien vite entrés, s’asseyaient bien disciplinés et frappaient des mains pour que le spectacle reprenne de plus belle, brouhaha qui croissait alors lorsqu’un acteur entrait en scène, systématiquement suppléé d’un tonnerre d’applaudissement. On ne savait plus vraiment où l’on se trouvait, le public, totalement pris dans l’épopée qui se déroulait devant lui, devint semblable au public d’antan, applaudissant à tout rompre lorsqu’une scène lui plut, ou même lorsqu’un monologue ou personnage le touchait : une véritable effervescence se ressentait, effervescence née de ce chef d’œuvre magnifiquement mis en scène qui a su garder une salle gigantesque quasi-pleine 13 heures durant, public qui eut bien du mal à cesser d’applaudir et sortir de la salle lorsque la pièce prit fin, obligeant le personnel du théâtre à baisser le rideau pour que cessent les applaudissements. Chapeau bas les artistes !
Le site du TNB / Le site de la Piccola Familia