A 22 ans, Fakear a su créer au fil de ses compositions une ambiance musicale unique. Il est en train de se faire un nom sur la scène électro, et ce avec une décontraction rafraîchissante. Après le remarqué Morning in Japan, son nouvel Ep, Dark Lands, déjà repoussé à mi-novembre, sortira finalement le 2 décembre. Présent sur la scène du Cargö de Caen pour Nördik Impact, Fakear est attendu à Rennes le 7 décembre pour les Trans. L’imprimerie a eu envie de lui poser quelques questions avant son set rennais.
■ Comment es-tu venu vers la musique ? Tu as débuté direct en bricolant le son sur MPC ou bien est-ce que tu es passé par un instrument plus classique ?
Je suis tombé dans la musique quand j’étais petit, mes deux parents profs de musique m’ont vite initié. J’ai commencé par le rock et je me suis mis à la guitare en autodidacte, puis en enregistrant un disque, j’ai découvert les joies du bidouillage de studio. Au final, la MPC n’est arrivée que tardivement, et je la considère comme un repère dans la composition, une sorte de contrainte qui est essentielle pour moi. Plus on me donne de contraintes, plus je vais être productif.
■ Tu commences à te faire connaître et à tourner pas mal : à 22 ans tu es signé dans la même écurie que, entre autres, Flume, tu as joué dans des festivals de renom, et apparemment tu as envoûté les mecs de Radio Nova… Est-ce que tout ça c’était un projet ? Quelque chose que tu envisageais? Est-ce que tu poursuis des études à côté?
Pas du tout ! Là pour le coup, c’était un rêve de gosse. J’ai un peu pris mon temps avec les études, mais je me suis toujours imposé un rythme. J’ai emménagé à Paris il y a deux ans, pour reprendre une licence (à laquelle je m’accroche toujours actuellement… c’est dur), et j’ai tenté le tremplin du Cargö sans grande conviction… Mais je n’ai jamais prévu quoi que ce soit ! Tout ce qui m’arrive est un peu fou, le plus dur est de garder ta vie normale en fait.
■ J’ai vu la playlist idéale que tu as faite pour Nova. Je n’ai pas été très surprise d’y trouver Bonobo. La comparaison avec Ninja Tune c’est un compliment, ou est-ce que ça t’agace, à force ?
C’est plutôt un énorme compliment, je serai un sacré snob si je m’agaçais ! Pourtant, je ne trouve pas que Bonobo ai un son « typé » Ninja Tune ; il a son truc à lui, doux et beau. Je me sens moins proche de Ninja Tune que de Bonobo.
■ Ces sonorités « japonisantes » qui sont en passe de devenir ta marque de fabrique, c’est un parti pris, quelque chose que tu as volontairement choisi pour rendre ton son reconnaissable ?
Ni l’un ni l’autre ! « Morning in Japan » est un délire, les sons japonisants sont là parce que je les avais sous la main, que je les trouvais jolis… Fakear n’est pas un japonais refoulé ! C’est vrai que mon premier EP suggère un peu ça, mais ma démarche est plus proche du voyage en général. Mon prochain EP dilue un peu ça. Le côté asiatique est toujours là, mais sans forcément parler d’un pays, il parle d’un certain exotisme. C’est fou comme on a envie de ranger les choses dans des boites. Je fais du trip-hop japonisant ? J’ai plus l’impression de faire de l’électro exotique.
■ Comment définirais-tu ta musique ? Quelles sont les choses dont tu t’inspires ? Je pense par exemple à Morning in Japan : à l’écoute, le morceau est plutôt doux. En revanche, le clip est assez inquiétant…
Je fais de la musique électronique, parce que je compose sur ordinateur et joue sur machines. Mais je n’ai pas le parcours « qu’il faut » je ne viens pas du hip-hop ou du jazz, ou de la culture techno. Je viens du rock, de la pop, j’essaie de livrer mon sentiment face à des émotions ou des images qui m’inspirent. J’ai voyagé pas mal en Europe, et tous ces voyages m’ont laissé des images, des paysages, des empreintes dans ma sensibilité… Mais je m’appuie aussi sur le cinéma, sur toutes les images qu’un film peut suggérer. Pour Morning in Japan, le morceau a été reçu comme quelque chose d’assez lumineux, et j’ai trouvé assez intéressant que le clip soit mal compris : il livre ma propre version de ce morceau, mélancolique et mystique.
« J’ai franchi une étape dans la composition avec Dark Lands »
■ Ta dernière grosse claque musicale ?
En date, le Glow de Jackson and his computerband. Je crois que je n’avais pas entendu un truc pareil depuis le Heligoland de Massive Attack. Un truc qui bouscule autant les codes et qui s’amuse bien à nous balader entre des fantômes de John Lennon et des basses dégueu dignes de Prodigy… Et ça tient ! Ouais, c’était une belle claque.
■ Le week-end du 29 octobre au 2 novembre tu vas jouer à Nördik Impact, à côté de gens comme Woodkid, Gesaffelstein ou Brodinski. En plus c’est à domicile, puisque c’est à Caen. Grosse pression ou rêve qui se réalise ?
Haha ! Ni l’un ni l’autre… Je joue à domicile, c’est vrai, et c’est plutôt un confort. Je le conçois comme un défi, je suis devant mon public, j’ai envie de leur donner un truc fort ! Bien sur, le Nördik, c’est tout un symbole à Caen, et c’est chouette d’y jouer… Mais il ne faut pas trop fantasmer, je ne vais pas le hurler partout. Je prends chaque date comme elle vient, car quand on est 5 minutes avant d’entrer sur scène, on oublie le nom de salle ou du festoche, c’est juste une histoire d’alchimie entre toi et le public.
■ Peux-tu nous parler de « Dark Lands », qui doit sortir mi-novembre ? C’est le « jumeau maléfique » de « Morning in Japan » ?
Alors finalement, il sortira le 2 décembre ! Je ne dirai pas ça, comme je te disais pour moi Morning in Japan n’est pas si lumineux, et je pense que Dark Lands est simplement la suite logique… Peut-être plus assumée. Mais j’ai franchi une étape dans la composition. Morning in Japan est quelque chose d’un peu à part, tandis que Dark Lands est pour le moi le vrai début d’un truc. J’ai continué à creuser cette voie, on va voir où elle va mener !
■ Est-ce que tu es déjà venu aux Transmusicales de Rennes ?
Non, jamais. J’en ai entendu beaucoup de bien !
■ Les Transmusicales se veulent être un festival ou l’affiche est plus pointue que grand public. Ça te fait quoi d’y être programmé ?
C’est très flatteur ! C’est encore un défi, il va falloir aller conquérir des gens mélomanes et curieux, c’est encore différent du grand public ! Après, je prends les dates les unes après les autres… Celles-ci me donnent un peu de fil à retordre, mais ça vaut tellement le coup !
Écouter Fakear // Le site des Transmusicales
Article signé Chloé V.