Kimmo Pohjonen, sueurs boréales au Grand Soufflet

Le festival du Grand Soufflet avait promis une expérience unique avec le concert de Kimmo Pohjonen, le 17 octobre 2013 au chapiteau. Découverte d’un artiste dont l’accordéon est le prolongement de son corps et dont la musique aurait pu s’appeler « aurores boréales ».

kimmo3Au début du concert, le public a du se demander s’il n’était pas venu voir un concert de musique contemporaine et conceptuelle; notes criantes, jeu incongru avec le coude, méli mélo de notes dissonantes. Kimmo Pohjonen est entré sur scène, immense, dans une jupe tout aussi impressionnante que son instrument. Il a donc joué, deux ou trois minutes, avant d’entamer un autre morceau. Ou peut être était ce le même, une fugue à la manière de Jean-Sébastien Bach, où le chapiteau a soudain pris l’allure d’une cathédrale. Puis il a pris la parole. « Have fun ».

Pendant un peu plus d’une heure, c’est beaucoup plus que du fun que le public venu nombreux a pris dans les oreilles. C’était plutôt un voyage rythmique, ou alors un paysage irréel, tantôt une tempête de glace puis une taïga silencieuse. Certains ont même parlé d’un voyage, un de ceux qu’il est difficile de raconter à quelqu’un d’autre.

kimmo1Tout d’abord, précisons la relation particulière que Kimmo entretient avec son instrument. Très traditionnel en Finlande, l’artiste s’en sert ici comme contrôleur midi, pour créer des boucles sonores. Pédales de samples aux pieds, le musicien introduit ainsi souvent ses morceaux de manières peu conventionnelles : utilisation du vent du soufflet ou percussion sur ce dernier, il n’hésite pas à rompre jusqu’au dernier code d’utilisation de l’instrument. Un accordéon qui va s’étendre, être soulevé, chahuté, servant même à un théâtre d’objets; car Kimmo Pohjonen n’est pas seulement une expérience sonore, c’est aussi un spectacle, parfois effrayant, surprenant, mais également drôle. Une mention spéciale à l’imitation du tracteur plus que réaliste. Le public rit, de bon cœur. Puis soudain il est scotché. Par quelques notes cristallines, un goutte à goutte. Puis par une cascade, celle de la superposition des mélodies et des rythmes qui se moquent éperdument des frontières que Kimmo a franchi régulièrement pour se nourrir d’autres genres musicaux : de l’électronique et ses basses, des airs du Rajahstan ou même des danses d’Amérique du sud.
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Des envols souvent sublimes, mais aussi des crises de folies gesticulantes, des séances chamaniques et des rires sardoniques; Kimmo Pohjonen aurait-il disparu de l’autre côté d’un horizon que nous n’atteignons que difficilement ?

Le Grand Soufflet ne s’est pas trompé dans sa programmation en faisant venir à Rennes le finlandais Kimmo et son instrument. Un accordéon qui s’est ici transformé en passerelle avec un monde onirique et technoïde. Un moment musical et visuel qui n’aura laissé personne de glace. Merci.

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Le site de Kimmo Pohjonen // Le site du Grand Soufflet

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