L’évènement théâtral de la rentrée au TNB de Rennes, c’était Le Bourgeois Gentilhomme. Un classique mis en scène par l’incontournable Denis Podalydès qui a fait rire le public rennais pendant 3 semaines.
Le Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet de Molière et Lully a été repris ces deux dernières semaines au TNB dans une mise en scène de Denis Podalydès. Rappelons tout d’abord le contexte de création de la pièce : au XVIIe, alors que l’art classique est à son apogée dans la France raffinée des perruques poudrées, Molière s’associe à Lully afin de composer une comédie-ballet (qui est, comme l’indique son nom, un spectacle associant théâtre, musique et danse). Rappelons de même que Lully (bien que d’origine italienne) est le pionnier de l’opéra français.
L’intrigue présente M. Jourdain, un riche bourgeois simple d’esprit se rêvant de la noblesse. Comme ses moyens financiers le lui permettent, il s’entoure de professeurs de musique, danse, philosophie afin qu’ils lui enseignent le bon goût. S’en suit un enchevêtrement de scènes comiques dues à la crédulité et l’ingénuité dudit bourgeois se voulant gentilhomme, et de qui chacun se joue : sa bonne, ses professeurs ou encore un noble fauché venant ponctuellement traire la vache à lait.
Bien que datant du XXIe siècle, cette adaptation aurait pu être présentée à la cour de Louis XIV, à condition tout de même d’ôter quelques singeries obscènes, quoique…
Afin de faire « digérer » au public ces 3 heures de pièce, Podalydès n’a pas tenté hypocritement de nous faire croire que celle-ci était moderne, qu’elle allait nous transporter et donner des allures rock’n'roll aux personnages. Et c’est là sa justesse : replaçant cette pièce dans son contexte, il a préféré puiser dans les origines de Molière (la Commedia dell’arte) pour que nous nous gondolions devant une simple mais très juste gestuelle comique. Cette pièce paraît « regaillardisée » pour reprendre un terme employé par Jourdain au sujet d’une musique classique qu’il saurait enfin apprécier. Une musique classique, ou plutôt baroque pour être exact, servie sur scène par plusieurs musiciens dirigés par le viole de gambiste Christophe Coin. Côté interprétation, mention spéciale à Pascala Rénéric, campant un monsieur Jourdain décapant aux moues subtiles et au ton juste.
On en sort avec l’agréable impression que cette comédie est toute fraîchement écrite, à l’exception du langage dix-septièmiste, et le sourire aux lèvres, sans avoir vu ces trois impressionnantes heures défiler.
Le Bourgeois Gentilhomme – Une pièce de Molière et Lully mise en scène par Denis Podalydès jouée au TNB de Rennes du 25 septembre au 12 octobre
Avec : Émeline Bayart, Madame Jourdain / Jean-Noël Brouté, Le Maître tailleur et Covielle / Julien Campani, Le Maître de musique et Dorante / Manon Combes, Nicole / Bénédicte Guilbert, Dorimène / Élodie Huber, Lucile / Francis Leplay, Le Maître de philosophie / Hermann Marchand, Un laquais, Le Petit Mufti, danseur / Nicolas Orlando, le Maître d’armes / Laurent Podalydès, Un laquais / Pascal Rénéric, Monsieur Jourdain / Thibault Vinçon, Le Maître de danse et Cléonte / Windy Antognelli, Flavie Hennion, en alternance Artemis Stavridi et Saskia de Ronde (du 8 au 10 oct), danseuses / Romain Champion, Cécile Granger et Marc Labonnette, chanteurs en alternance Francisco Mañalich et Thilo Hirsch (du 26 au 28 sept), chanteurs et gambistes Avec l’Ensemble La Révérence – Musiciens : Maria Tecla Andreotti, flûte ; Vincent Robin, hautbois ; Jérôme Akoka et Emmanuel Resche, violons ; Christophe Coin, violoncelle ; François Guerrier (du 25 sept au 3 oct) ou Yvan Garcia (du 4 au 12 oct), clavecin