En 2012, la discothèque le Pym’s ouvrait un club de jazz, le 1988. Depuis le 13 septembre 2013, les lieux accueillent un nouvel espace de diffusion pour un éclectisme musical. Entre mécénat de boîte de nuit et associations locales, rencontre avec Sylvain Le Pennec, programmateur.
■ Peux-tu nous présenter cette nouvelle salle qu’est le 1988 Live Club ?
Le 1988 ça fait un an que ça existe avec une programmation de jazz, exclusivement. Plutôt que de se laisser aller avec les difficultés d’un style de musique qui est difficile à défendre, Sébastien Bétin, le patron du club, a décidé d’ouvrir une nouvelle salle. L’idée c’est d’avoir une nouvelle dynamique, une nouvelle image, sur de nouveaux styles de musique. Le 1988 Live Club c’est l’esprit concert du Pym’s ! Il faut assumer le fait que la nuit, l’activité de discothèque permet de faire des activités culturelles. C’est le pari, pas forcément gagné d’avance, de se dire « une grosse soirée étudiante va nous permettre d’inviter comme ce soir Jean-Pierre Como probablement à perte ».
■ Comment ça se passe concrètement, la discothèque est ouverte pendant que les concerts ont lieu ?
La plupart du temps, le concert a lieu avant l’ouverture de la discothèque, ils commencent vers 21h et s’arrêtent quand la boîte s’ouvre. Je regrette un peu ça car j’aimerais bien que les publics se mélangent, ce n’est pas encore le cas mais on va y venir petit à petit, avec des soirées de collectifs rennais, essentiellement sur de l’électro. Sur une scène jazz, avec une musique un peu plus spécifique, c’est un peu plus difficile.
■ Programmateur, en quoi consiste ce métier ?
Ici j’ai plusieurs casquettes, l’accueil, la communication, car nous sommes une petite équipe. Au départ je viens de la musique enregistrée, en travaillant dans des labels, où je demandais à des salles de prendre des artistes, maintenant je suis dans la position inverse. Et ça n’est pas évident de faire des sélections ! Mais le but d’un club c’est de faire émerger des artistes, donc je travaille dans cette optique, avec des soirées à entrée gratuite, des petits groupes.
■ Pour le jazz club cela fait un an que la salle est ouverte, quel est le bilan ?
Quand tu fais venir une grande chanteuse comme Elisabeth Kontomanou et qu’il y a 30 personnes dans la salle c’est très difficile ! Tu te remets en question : est ce que c’est parce que c’est une discothèque ? Est ce qu’on manque de promotion ? Manque-t-il du public jazz à Rennes ? Avec Yann Martin, l’ancien programmateur avec qui j’ai monté le festival Jazz à l’étage, on sent qu’il y a quand même un intérêt ; pour Jazz aux Écluses, Jazz à l’Ouest, ça marche sur un temps donné festif dans l’année. Là ça fonctionne, le public se retrouve. Sur l’année c’est plus difficile. Donc le bilan c’est qu’on continue à faire du jazz parce qu’on est un peu fous, mais on resserre sur des belles dates, un international et un local sur un mois, faire intervenir des invités avec Planète jazz comme David El Malek le 18 octobre. On expérimente ! C’était une très belle programmation, mais ça ne s’inscrivait pas assez dans un projet territorial.
■ D’où la prochaine soirée en association avec Le Funk prend les Rennes par exemple ?
Oui, on lance une mensuelle avec Dj Freshhh. Le but c’est de collaborer, avec Planète jazz, la ferme de la Harpe, Jazz à l’Ouest les acteurs locaux. Sur le jazz, la funk, mais aussi sur le rock ; les Bars en trans vont venir ici 3 jours en décembre par exemple. Ça commence à se mélanger un peu justement, ces soirées comme avec Dj Freshhh, en haut en bas ce ne sont pas du tout les mêmes publics, donc ça commence à ouvrir des portes.
Plutôt que de rester (…) à servir des whisky-coca toute sa vie, on peut en faire un peu moins et faire découvrir des artistes.
■ En cette période de crise culturelle, la discothèque permet un moindre risque pour ouvrir une salle avec une programmation diversifiée ?
C’est clairement cette vie de nuit qui permet la culture. Plutôt que de rester comme dit souvent Sébastien à servir des whisky-coca toute sa vie, on peut faire autrement, s’investir dans la culture et faire découvrir des artistes… On a du mal à gagner de l’argent avec le spectacle vivant, donc il n’y pas de question de rentabilité derrière, l’idée elle se fait dans le renouvellement du public, et d’essayer de s’ouvrir, mais il y a quand même une forme de soutien, de mécénat si l’on peut dire.
■ Quels sont les prochains évènements importants à venir ?
Concernant le jazz, il y a Sixun qui vient le 14 novembre, et ce sera un évènement puisqu’il y aura un nouveau batteur, un nouvel album donc de nouveaux titres qui seront présentés ici dans le cadre de Jazz à l’Ouest. L’autre gros rendez vous c’est Rennes Music Club, la scène émergente d’artistes cold wave, rock et électro dont la première le 16 octobre, et le lendemain une soirée Well done ! avec de l’électro house. Et bien sûr Bars en Trans à la fin de l’année.
■ Quel serait ton dernier coup de cœur musical ?
C’est pas très original et c’est pas vraiment un coup de cœur, mais j’ai écouté Stromae à reculons en n’y comprenant rien au départ et j’ai fini par trouver ça pas mal.
La page du 1988 live club // Le site du 1988 Jazz Club