Dans le quartier Beauregard en pleine Zup, une petite maison résiste encore et toujours à l’envahisseur urbain. Au 273 boulevard de la Robiquette, une maison abrite plusieurs associations; rencontre et découverte des lieux avec David Perrot, président de l’association théâtrale La Calache.
Bonjour David ! Est ce que tu peux nous présenter les lieux et leur histoire ?
David : la Coopérative a été créée il y a trois ans environ avec différentes associations. Il y a un comité de gestion dont je fais partie, mais je ne suis pas à l’initiative du projet. Je suis arrivée ici l’année dernière et je suis surtout en charge de la logistique; la Coopérative est donc une première association qui occupe cette maison, et elle est mise à disposition d’autres associations qui en deviennent également résidentes. Aujourd’hui il y a Oniric Vision, Orphelins du Monde, Docabilly, Ecoo et La Calache, association théâtrale dont je suis le président, qui font vivre les lieux et qui y travaillent.
Quel serait le point commun de ces associations pour se retrouver à la Coopérative ?
- C’est pas forcément des assos qui ont les mêmes buts ni le mêmes projets, et dans un temps l’idée était quand même de faire se croiser ceux ci, de mutualiser à fond. Sauf que c’est un peu délicat; mêler de l’écologie au cinéma ou de l’aide humanitaire au théâtre, et surtout avoir le temps, c’est pas toujours facile ! Le but de ces assos c’est clairement d’avoir ce lieu et de pouvoir habiter cet endroit, et de pas être dans un bureau conventionnel. Il y a un endroit et une ambiance qui est particulière, avec ce parc, les gens qui passent, qui reviennent.
Les objectifs, quels sont ils ?
- Pouvoir proposer l’organisation d’évènements sans pour autant devoir s’adresser à des structures conventionnelles. Avoir une vie locale également; ici nous sommes en pleine Zup à Beauregard, tout est est en train d’être rasé pour construire des tours; nous voulons garder ce lieu en disant « regardez vous n’allez rien construire ! » Il y aura une maison des associations qui ne servira à rien, pas de cinéma, pas de théâtre, un quartier dortoir où les gens vont s’emmerder. Personnellement j’ai envie de changer pas mal de choses, et ici il y a des ressources et des opportunités énormes. Donc si tu cherches quelque chose, viens à la Coopérative on te proposera des solutions; et si on trouve pas de solution on trouvera autre chose en attendant !
Tu trouves que ça manque de lieux comme ça à Rennes ?
- Ben franchement tu vois le Blosne, il n’y a pas grand chose, et c’est difficile de s’y implanter par la suite, ou le théâtre Lillico qui est en train de couler alors que c’est le seul théâtre pour enfants. C’est affreux de se dire que cette urbanisation devient « boulot métro dodo » ! Le 8 mai pour Art d’Ecoo voir des enfants se marrer dans le jardin, c’est super, il y avait du monde, les gens du quartier commencent à venir voir ce qui se passe, et nous voulons garder cette énergie là même si c’est pas facile, notamment parce que nous sommes excentrés. Nous sommes sur une convention avec la mairie pour occuper les lieux, mais nous sommes sur une Zone d’urbanisation prioritaire; les propriétaires ont été expropriés il y a trois ans, et la maison sera un jour revendue à un promoteur; j’en ai des visions d’horreur ! Même si la ville de Rennes voudra nous reloger ailleurs, nous on ne voudrait pas partir. Après il y a quand même des élus qui sont très intéressés pour nous laisser le lieu, après tout dépendra des mouvances politiques..
Ce week-end il y a un évènement La Nuit des Arts; de quoi s’agit-il ?
- C’est un premier évènement que je viens de créer notamment suite à mon travail avec l’association théâtrale La Calache que je dirige. La Nuit des arts c’est essayer de réunir en une seule nuit un maximum de médias artistiques possibles, avec des jeunes, des vieux, des artistes, des gens qui aspirent à devenir artistes. Tous ensemble, avec un côté festif et une participation prix libre dans l’affirmation d’une culture non élitiste. C’est d’une part pour faire bouger les gens, mais aussi offrir une l’opportunité aux artistes qui ne peuvent pas forcément jouer à droite à gauche parce c’est cher, de se produire, même si la scène est en palette avec trois clous !
Quels sont les prochains évènements prévus ?
- Le 31 mai il y aura un évènement pour la Journée Mondiale du Tourisme Responsable avec un spectacle de La Puzzle Compagnie. Il va peut être y avoir un kino kabaret, un concept québécois de rencontre autour de films courts mais c’est pas sûr ! Il y aura de nouvelles Nuits des arts d’organisées, et des après midi avec des spectacles et des ateliers. Il y a aussi Oniric Vision qui organise Bretagne tout court les 7 et 8 juin à la Mjc du Grand Cordel.
Et pour participer, exposer, il faut nécessairement faire partie des associations présentes ?
- On loue le lieu pour les évènements à des prix dérisoires; on a ce qu’il faut pour exposer, il y a toujours des résidents des associations pour aider. Le plus simple c’est de nous contacter, car notre but c’est d’inciter les gens à venir, à participer, car la culture c’est pour tout le monde.