Jeudi 16 et vendredi 17 mai, la compagnie rennaise Al Golpe présentait sa création De nulle part et d’ailleurs. Une pièce pour quatre danseuses, entre élan contemporain et flamenco traditionnel.

C’est dans une atmosphère glacée, une scénographie épurée, tamisée par une lumière bleue qu’entrent en scène quatre ombres fantomatiques.

Alors, le duel commence.

L’intégralité du spectacle est composé à partir d’un contraste, d’une opposition : entre la chaleur des voilages de ces étranges ombres dansantes et la froideur de la scénographie ; mais également, en prenant en compte la totalité de la chorégraphie, entre l’exaltation, l’effervescence des communautés nomades (gitanes, tziganes, roms), la frénésie de cette danse endiablée, et le détachement, l’indifférence d’autrui dans lequel amène l’exil. La première partie est accomplie sur des traits de danse contemporaine mêlée au flamenco par les danseuses, revêtues de longs voiles orangés, symbolisant à la fois la sensualité, le charme de cette danse, mais aussi la vie cachée, l’anonymat de ces peuples nomades, et de toutes les danseuses qui les composent.

Les talons claquent, martèlent le sol, les robes volent, les corps se déchaînent, pour amener à une seconde partie composée de solos, duos ou quatuors relevant alors totalement de cette fougueuse danse traditionnelle.

Dans un spectacle alliant contemporain et traditionnel, la «duende» est là (cette transe, ce sentiment inqualifiable naissant des viscères et parcourant le corps du spectateur et de la danseuse d’un frisson innommable); une heure de chorégraphie nous plongeant dans la beauté, le charme et l’histoire du flamenco et des peuples qui l’incarnèrent, la compagnie Al Golpe a transporté son public ailleurs.