Roberto Fonseca,Yo à Saint Brieuc

Le nouveau prodige cubain que le monde du jazz et des musiques actuelles s’arrachent depuis quelques temps, Roberto Fonseca, a donné un concert à La Passerelle de Saint Brieuc le 13 avril. Entre rythmes chaloupés et chorus trop rarement entendus, retour sur un concert dont la tournée est à ne pas rater.

robertofonsecaUn troisième album, Yo, suivi d’un succès qui s’est propagé comme un traînée de poudre. Et pour cause : des titres accessibles mêlant habilement couleurs cubaines, africaines, jazz dans une esthétique contemporaine, de quoi accrocher des auditeurs potentiels au delà du simple public d’initiés. Sur scène, le niveau d’improvisation et la technicité sont hors pairs. Une fois entouré de ses musiciens, Roberto Fonseca lance la mesure, ou plutôt des ambiances depuis un clavier installé sur le Steinway et relié à un ordinateur. Des choix de sonorités parfois déroutants, comme pour la guitare. Mais dès que s’est installée l’atmosphère, impossible d’échapper à ce qui fait le talent du groupe : une savante alchimie entre rythmes endiablés et mélodies prenantes.

Le rythme, c’est l’affaire du batteur et du percussioniste; une fois lancés, attention rythmes en liberté, et on ne sait plus où donner de la triple croche. La mélodie, Fonseca lui fait son affaire en jouant des harmonies comme le vent avec une feuille morte, et c’est avec dextérité qu’il parcourt le clavier. Dix doigts pour maintenir une salle bien remplie en haleine, ou en larmes avec les variations de « Llego Cachaito ». Avec un jeu sensible ou percussif, c’est le plus souvent avec la kora que le dialogue s’installe.

« Je suis tombé sous le charme de la musique gnawa, de la musique du Mali ou du Cameroun. L’idée de mélanger mes racines avec ces musiques m’a dès lors séduite. Cela étant dit, ce n’est pas un album de world music, une étiquette que je n’aime pas. »

Roberto Fonseca pour Concert Live

Au delà de l’immense qualité du jazz offert, l’hybridation de la musique a la part belle : transe gnawa ou hommage à Ibrahim Ferrer et à ses rythmes cubains, Roberto Fonseca mélange, renouvelle, croise des genres en renouvelant une sensibilité vibrante à chaque morceau. Vibrante, car ce sont les cordes du piano qui vibrent, ou celles de la kora de Sekou Kouyaté, apportant toute sa teinte africaine sur des titres comme « Bibisa ». Roberto Fonseca et ses musiciens chatouillent les notes, les caressent, s’amusent avec, et c’est sans conteste un véritable don musical que ce concert; un seul regret : l’absence du percussioniste Baba Sissoko. Près de deux heures de musique pour faire des allers retours entre Cuba et le continent africain, faire chanter « La Javanaise » au public, et rendre enfin les honneurs au boléro ou à la rumba pour une dernière mélodie à danser. Roberto Fonseca, ou l’art de faire virevolter une âme musicale sur scène. Et dans un piano.

Roberto Fonseca (piano, claviers, voix), Sekou Kouyate (Kora), Joel Hierrezuelo (percussions), Jorge Chicoy (guitare), Ramsès Rodriguez (batterie), Yandy Martinez (basse, contrebasse).

Yo – Un concert donné le 13 avril 2013 à La Passerelle de Saint Brieuc et de retour en France pour les festivals de l’été.

Le site de Roberto Fonseca

 

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