Une mesure de Silence

La scène française était trop calme. Il lui a fallu attendre mars 2013 pour qu’un peu de Silence vienne submerger ce qu’elle n’avait pas encore dit. Avec son premier album intitulé S’il faut tenir la cadence, le groupe rennais relance la rage du texte et des guitares. Douze titres pour s’essouffler. Douze titres pour entendre.

silencecadencePour un premier disque, le groupe Silence ne fait pas les choses à tâtons. Forts d’une bonne expérience scénique et soutenus par un public qui a aidé à financer l’enregistrement de l’album, les six membres de Silence produisent ainsi ce que certaines oreilles auraient bien voulu entendre depuis plusieurs années : une fusion de textes qui ont du sens, portés par une voix expressive et rocailleuse, et accompagnés par des compositions prenantes.

Jusqu’ici la seule façon de pouvoir les entendre chez soi, c’était de posséder la compilation Rennes en chanson distribuée par la Coop Breizh et de relancer plusieurs fois la « Valse de Rennes ». Une complainte tranquille à trois temps qui hurlait après l’assagissement de la ville, désormais capitale de la normalité, et qui lançait déjà à l’assaut les guitares électriques sur le refrain.

Des guitares électriques et un accordéon toujours présents sur ce premier album qui révèlent toute la force d’un groupe prometteur. Tout commence par un cri. Le silence ne s’apprécie que grâce au bruit. Et inversement. Quelqu’un hurle. Quelqu’un en a plein les tripes. Au lieu de vanter le droit de la paresse de Lafargue, Silence préfère l’éloge de la faiblesse, et dénoncer avec des percussions sourdes les quelques points d’écarts de nos dirigeants.

« Je ne désire pas faire l’effet, de ceux qui peuvent se permettre.

J’aurais l’envie d’être au sommet, quand chacun aura l’droit d’y être. »

Les textes sont le point fort de Silence, quelque part entre chanson, slam et théâtre; ils sont ressentis, transmis directement, comme un uppercut en plein dans l’âme. Rappelant parfois la voix écorchée de Bertrand Cantat, Mathieu Ramage met sa rage au service des paroles. Elles dénoncent, elles s’agacent, elles sont vivantes, mais ne souffrent jamais de ces « cachetons de l’indifférence ». Rien n’est laissé au hasard, des reprises rythmiques qui décollent sur « Cadence » ou des lignes mélodiques qui s’allongent sous les pas de « Vengeance », les compositions mélangent habilement accompagnement traditionnel de la chanson et rock qui va de l’avant, pour terminer dans une explosive « Vaste comédie ». Au-delà des talents d’interprète du chanteur et de la cohérence de l’instrumentation, il y a chez Silence un « fa dièse dans les mélodies » qui touche, vous attrape dès l’introduction et finit par prendre le goût de l’addiction. Et s’il faut tenir la cadence ? Une seule façon de savoir si vous réussirez cet exploit : prendre sa dose de Silence. Inspirer. Et plonger.

S’il faut tenir la cadence – Silence – Un album de 12 titres sorti le 9 mars 2013

Silence le groupe : Mathieu Ramage  (chant​), Fabien Serre (accordéon​), Jérémy Quimbert (mandole), Tanguy Chotard (guitare, basse), Niko Chatalain (basse, chœurs, guitare), Sylvain Caremel (batterie, chœurs)

Le site officiel

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