Redeye de passage à Rennes

L’Imprimerie a rencontré Redeye autour d’un thé, à la Cour des miracles; le chanteur folk qui vient de sortir son deuxième album, End of The Season, a posé sa guitare le temps de répondre à quelques questions.

- Guillaume Fresneau, bonjour ! Peux-tu retracer un peu le parcours de Redeye ?

- Ça a vraiment commencé en toute discrétion, en parallèle du groupe Dahlia que j’avais monté avec Armel Talarmain. J’écrivais mes petites chansons dans mon coin, sans grande ambition, le soir, la nuit. Petit à petit, il y a eu d’autres envies, le projet a pris de l’ampleur, s’est élargi avec un groupe de musiciens attitrés, des titres enregistrés en studio, de vraies sorties d’album. C’est un parcours assez long, sur plusieurs, qui a pris de plus en plus d’importance, surtout pour moi.

Redeye- Le nom Redeye, pourquoi ?

- Ce sont des vols de nuit, aux Etats Unis les redeye flights; du coup comme on a mal dormi, on a les yeux rouges. Je trouvais qu’au début ça correspondait bien à ma façon de composer les chansons, la nuit.

- Et le titre de ce dernier album, End of The Season, comment l’expliques-tu ?

- C’est un peu métaphorique; ce qui m’intéressait c’était la fin d’une saison, mais surtout le début d’une autre. En quelque sorte l’idée de passage d’un état à l’autre, de transition. Après ça n’est pas forcément une saison en particulier; je ne voulais pas nommer une saison, alors que tout le monde essaie d’en associer une ! Là on est en hiver, donc le disque c’est forcément le passage au printemps ! Je n’ai pas voulu ancrer le disque dans une saison spécifique, mais libre aux gens d’y projeter celle qu’ils veulent !

- Quel a été le contexte d’inspiration et de composition de ce nouveau disque ?

- Très américano-centrée ! J’ai vraiment voulu reconnecter avec mes souvenirs musicaux d’enfance, de blues, de rock, de folk, tout ce que j’écoutais grâce à mon père. Mais vu par moi maintenant, avec le parcours en plus, qui ai connu différents groupes dont Dahlia, expérimenté d’autres styles. Ce sont ces deux pôles là qui se regardent, une base très américaine vue d’ici et maintenant.

- Justement, de cette enfance au Texas, qu’est ce qui est resté le plus prégnant ?

- C’est difficile à dire ! Je saurais pas trop définir une seule chose, il y en a plein qui vont de la nourriture au soleil, à l’espace. Justement ce que j’ai essayé garder ce sont des sensations, des impressions. Une sorte d’ensemble, d’immersion.

- Musicalement, justement au niveau des influences, qui penses-tu avoir la plus grande sur toi ?

- Il y en a beaucoup aussi ! J’aime beaucoup la musique évidemment, mais pour Redeye et cet album là en particulier, j’avais surtout en tête Bonnie Prince Billy, qui prend des choses un peu classiques et arrive presque à les tordre pour en faire quelque chose de nouveau. Mais il y a aussi des artistes un peu plus vieux comme Van Morrison ou Woody Guthrie. Un album il y a toujours plein de références, de choses qui viennent se mélanger, mais là ce sont les plus grosses figures. Il y a aussi toute la scène actuelle américaine de folk que j’écoute beaucoup.

- Au niveau des collaborations, qui sont nombreuses, je pense au trompettiste d’Herman Düne ou au batteur de Nouvelle vague qui sont des groupes assez connus, comment cela s’est-il passé ?

- C’est par connexions, rencontres, on s’était déjà croisés sur des concerts, ou alors ils avaient déjà joué avec d’autres copains. Une sorte de filigrane déjà installé. On a formalisé la rencontre quand j’ai demandé « j’aimerais que tu viennes jouer sur tel morceau ». Donc ça s’est fait très simplement, assez vite aussi parce que j’ai essayé de trouver les bonnes personnes pour les bons morceaux, et j’ai eu de la chance !

« Je suis très flatté, mais il doit y avoir un truc un peu journalistique à sortir de grandes références ! »

- Quand les Inrockuptibles écrivent que « tu perpétues la mémoire de Jeff Buckley et Elliott Smith », ça met pas un peu la pression ?!

- Ca m’a fait bizarre de lire ça. Jeff Buckley même si j’adore, je pense pas que ce soit si proche de ça. Je suis très flatté, mais il doit y avoir un truc un peu journalistique à sortir de grandes références, de toujours sortir de grands trucs. Je pense aussi qu’à l’époque où a été écrit l’article, Jeff Buckley était dans l’imaginaire collectif, associé pour les choses à émotions, quitte à confondre un peu tous les styles. Ça me flatte, mais d’une certaine façon j’essaie aussi de pas faire attention à tout ça.

- Le dernier album de Dahlia c’était en 2009… est-ce qu’il s’agit d’un projet définitivement arrêté ?

- Je sais pas trop. Non, je pense pas, avec Armel on se voit toujours. Mais le problème c’est qu’on ne vit plus dans la même ville, plus d’emplois du temps qui permettent de laisser le temps pour la musique. Faudrait vraiment bloquer ça. On fait encore tous les deux de la musique, chacun dans notre cercle, mais on trouve pas le moment propice pour s’y remettre. C’est comme un stand-by qui dure, c’est pas impossible qu’un jour ça revienne !

- Dahlia c’était principalement en français; quels sont les écueils à éviter pour passer à l’anglais ?

- Déjà l’anglais collait mieux à l’état d’esprit du projet, puis il y avait des chansons en anglais pour Dahlia aussi. J’essaie de faire ça dans cette continuité, comme si j’avais pris cet élément et que je l’avais grossi, que je m’en étais emparé, ce ne sont pas deux registres totalement opposés ou différents, plutôt quelque chose de complémentaire.

Redeye- L’album End of The Season vient de sortir; comment est-il reçu et quels sont les projets qui vont avec ?

- Comment il est reçu.. plutôt bien ! En tous cas les retours qu’on me fait sont plutôt bons. Les projets, c’est déjà de faire quelques concerts autour du disque, même si c’est une formule qui est moins souple que ce qu’on avait avec Dahlia qui était un peu plus rock, plus malléable. Il faut plus d’intimisme pour Redeye, c’est un peu plus compliqué à mettre en place mais bon il y a quand même des dates. La suite j’ai déjà commencé un peu à l’écrire; je ne sais pas encore quelle forme elle prendra, si ça sera la même formule et quel son ça aura, mais dans l’écriture ça commence déjà à germer !

- Par rapport à l’intimiste, ce soir il y a un concert dans un appartement, demain au Oans’, ce sont des petits lieux, c’est donc bien l’esprit de la tournée.

- C’est à l’image du disque. C’est une musique où il faut rentrer dedans, c’est pas elle qui va venir chercher les gens. Ca correspond donc bien à des petits lieux, des petites jauges, et je suis content de faire ce genre de représentations. J’espère que ça va être bien, et surtout que ça rende un peu plus justice à l’album que trop amplifié, ou trop dénaturé.

- Les deux concerts sont à Rennes. Tu as grandi au Texas, mais aussi à Rennes. C’est quoi ton histoire avec cette ville ?

- Déjà j’y suis né ! J’ai fait mes études ici. En fait c’est une histoire d’allers et retours, je suis partir, revenu, reparti, et revenu ! Mes parents sont en Bretagne donc je viens souvent, et j’ai mon histoire permanente et en pointillés avec Rennes. C’est assez lié au voyage en fin de compte; j’aime bien partir pour revenir. Rennes sert de point de repère, parfois les absences sont courtes ou longues, et c’est une histoire assez forte. Je trouve ça rassurant d’avoir un endroit où revenir.

- Justement à Rennes aujourd’hui c’est Mardi gras jour férié; quel était ton déguisement préféré ?

- Je n’en avais pas spécialement. Et je n’en ai pas acheté pour aujourd’hui ! Mais j’ai pris le temps de voir les déguisements, ça avait l’air rigolo, j’ai cru voir entrapercevoir un mec déguisé en schtroumpf !

- Ton dernier coup de cœur musical ?

Un groupe de folk américain, The Head and the heart, j’ai vraiment adoré leur disque. C’est du folk un peu joyeux, assez simple et acoustique. J’ai beaucoup aimé, donc j’imagine que c’est un coup de cœur !

Merci à Redeye pour son accueil, ainsi qu’aux personnes ayant organisé le concert privé.

Le site de Redeye

 

Découvrez The Head and the heart

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