Des Clash à Vivaldi, la bande son du Misanthrope fait danser le rock dans les salons mondains. Jean-François Sivadier mettait en scène un Alceste haut en couleurs en janvier 2013 au TNB.
C’est sur un plateau jonché de confettis noirs et dans des tenues atemporelles et festives que débute ce classique de Molière. Rappelons la trame : abhorrant l’hypocrisie humaine, Alceste, ledit misanthrope, pestifère envers et contre tous son joug contre les Hommes, et contre la société frivole qu’il fréquente, société se divertissant dans des salons mondains composés d’hôtes se complaisant entre ragots et médisances en tous genres. Qui reste alors, des deux, le plus qualifiable de misanthrope : Alceste ou la société qu’il critique ?
Sur le plan esthétique, le metteur en scène parvient à mêler subtilement classique et modernité. Que ce soit par les costumes, tantôt aux allures de robes du XVIIème, tantôt aux allures carnavalesques, ou encore sur le choix varié de musiques ou d’éléments de décors; le plateau ressemblant à une sorte de salle des fêtes après une boum, le Misanthrope retrouve ici une vigueur moderne. L’aspect classique étant déjà présent de manière lourde dans le texte (écrit en alexandrin), Sivadier n’y fait allusion que dans le jeu de ses acteurs : posture résolument face public, et se permet alors des libertés, comme celle d’impliquer directement le public dans la pièce lors de la première tirade de Philinte, un public représentant alors la hantise d’Alceste : la société.
Ce classique remastiqué, re-digéré pour être transféré avec justesse et délicatesse en 2013, a été porté par des acteurs au talent honorable, comme Nicolas Bouchaud interprétant le rôle principal d’Alceste avec une justesse ainsi qu’une énergie bluffante.
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