Festizad, Zone à Danser ?

Dans les années 60, Serge Gainsbourg faisait chanter « La Gadoue » à Petula Clark. Le week-end des 5 et 6 janvier à Notre Dame des Landes, de nombreux festivaliers ont pensé à cette mélodie, du plus profond de leurs bottes boueuses. Retour sur un événement.. hors norme.

Notre Dame des Landes, c’est le terrain où se joue depuis quelques mois une lutte contre la construction d’un aéroport par la société Vinci. Pour ceux qui n’auraient pas suivi du tout le sujet, référez vous à cet excellent article. Alors un festival sur un terrain à haute tension et humide à souhait, organisé rapidement, avec une interdiction préfectorale de dernière minute concernant le montage des chapiteaux, comment cela peut-il marcher ? Avec le sourire. Avec la bonne volonté de tous les participants. Le mot d’ordre : l’autogestion. Le long des voitures garées du bourg jusqu’à la ZAD, des sacs poubelles accrochés aux rétroviseurs pour éviter toute pollution supplémentaire. Devant la scène principale, des branchages pour éviter de s’enfoncer jusqu’aux genoux. Et sur place, tout un petit monde s’active. Un acteur devant une toile de tente, une fanfare en plein champ, une cantine improvisée, des percussions qui font danser. Car si le message est en premier lieu militant, il n’en reste pas moins que l’objectif était aussi d’organiser un évènement culturel.

  • La programmation musicale

Les basses du chapiteau techno ont résonné longtemps (quitte à faire fuir quelques oiseaux ?), mais la grande attendue c’était Keny Arkana. Dans le public, encore une demie heure avant son arrivée, des doutes circulent encore, « elle ne viendra pas ». Et si. Après les rennais d’Unité Maü Maü qui commencent à se faire connaître et qui ont chauffé la foule par un hip-hop engagé, Keny Arkana entre sur scène, et c’est poing levé que beaucoup entonnent un résistance qui prenait ici tout son sens. La rappeuse qu’il est désormais inutile de présenter donne son retour en interview par ici. Mais le festizad, c’était aussi la venue de la Parisienne libérée qui a écrit Le fol aéroport de Notre Dame des Landes. Puis tous ces musiciens anonymes venus avec leurs instruments chantonner sous les arbres. Le tout à prix libre. Un pari déluré pour un mois de janvier qui n’est généralement pas la saison dédiée aux évènements plein air !

  • De la boue et autres problèmes de lampe torche

Dans le bocage, dès que la nuit tombe, l’humidité aussi. Ou plutôt on la sent remonter des sols (qui apparaissent logiquement impossible à bétonner sans casser la tirelire de trois ou quatre millionnaires). L’équipement requis, ce sont des vêtements chauds associés à une bonne paire de bottes, quand on ne perd pas ces dernières après le fameux sblurp de la boue qui fait ventouse. Certains ont ainsi vécu un concert épique, coincés sur un îlot à peu près étanche. Il fallait aussi s’équiper si possible d’une lampe de poche pour retrouver son chemin. Mais tous ces désagréments sont bien faibles par rapport à l’objectif voulu : un évènement festif, sans problème, entièrement autogéré et à prix libre qui a réuni plus de 10 000 personnes. Beaucoup sont repartis avec le sourire et la sensation d’avoir partagé un moment unique. Et n’attendent qu’une chose : un festival à l’été 2013, pour que la ZAD soit une zone à danser.

Merci à tous les accueillants, organisateurs, musiciens, clowns, salamandres, en saluant bien bas le bocage.

 

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