Une générosité sans pareille, des mélodies radieuses et un message fort, le maître de la valiha, Rajery, a donné un concert à la Péniche spectacle le 10 novembre, dans le cadre de Jazz à l’Ouest. Une programmation bienheureuse, pour aller à la rencontre d’une musique mal connue.
La valiha, c’est un instrument traditionnel malgache; un tube de bambou fendu et un nombre de cordes variables, souvent en câbles de frein de vélo ou de ce qui est trouvable, pour un son qui se rapproche de celui de la kora, jouant énormément dans les aigus. Rajery est l’un des rares représentants de cet instrument, et joue avec un guitariste, un bassiste et un batteur. Comment adapter une musique traditionnelle à un univers électrique ? C’est simple; la valiha est amplifiée, et joue des thèmes populaires, avec une rythmique jazz et des chorus endiablés. Le tout surmonté d’un chant vibrant, qui se fait a capella, ou au besoin, appelle à l’intervention du public. Et s’il y a quelque chose à retenir du concert, c’est bien cet échange dans le langage universel qu’est la musique, entre Rajery et un auditoire conquis. La péniche est partie en voyage, et les flots ont été avec nous.
Rajery venait tout juste de sortir la veille son nouvel album, intitulé Tantsaha, « les paysans ». C’est une situation sur laquelle l’artiste insiste, une situation difficile à Madagascar, pays qui connait également des problèmes de déforestation, passant d’île verte à île rouge. Alors Rajery se bat, avec un message simple, ferme, et sans rancœur : il faut que les choses changent. D’où le projet qui va avec le disque de soutenir l’initiative « Arbre de vie », œuvrant notamment avec des actions pédagogiques pour la reforestation. Une île que Rajery aime, et c’est pourquoi il nous raconte, dans sa langue, les joies et les souffrances de son peuple. Avec le sourire. Toujours. Le musicien aime plaisanter, et jouer de mimiques et de gestes. Le quatuor vêtus des tuniques brodées traditionnelles (qui sont là bas des habits de fête) jouera plus d’une heure trente, et c’est après un final dansé (fort heureusement la péniche tient bon !) que les musiciens quittent la scène. Le public continuera jusqu’à la sortie de chanter un refrain. Quelques notes malgaches se sont éparpillées dans le ciel de Rennes ce soir là.
Découvrez la vidéo réalisée pour le titre Tsy Miova (Il ne change pas)