Coupes afros, amplis Marshall, public déchaîné, le groupe américain The Coup et leur fusion magique ont opéré le samedi 20 octobre à l’Ubu. Ces artistes funk et hip-hop ont tout simplement fait exploser la soirée à grands coups de basse et de flow bien maîtrisé.
Soirée où la concurrence était féroce à Rennes, puisque La Rumeur jouait à l’Antipode, Karpatt à la Cité et le festival du Grand Soufflet s’achevait. Mais le public a répondu présent pour l’une des trop rares dates européennes de ce groupe unique en son genre. Première partie, The Sophia Lorenians, un trio voix, guitare et machines franco new yorkais, et une sorte de mélange électronico pop groove plutôt sulfureuse. Le chanteur, en bon danseur frimeur, séduit le public au déhanché, fait vibrer sa voix dans des ambiances quelque peu psychédéliques, et termine son show pour laisser la place à Kev’s Choice (qui s’avère par la suite être le clavier de The Coup). Et alors là, surprise, une alternance de samples lancés depuis son ordinateur et de compositions pianistiques, un flow agréable et surtout le luxe de rapper sur un sample de Serge Gainsbourg, « Je suis venu te dire que je m’en vais ». Excellent prélude à The Coup, groupe d’Oakland fondé en 1992 par Boots Riley, dans la droite lignée de Funkadelic et de Gil Scott Heron. De la fusion entre une base rythmique funk, des riffs de rock brut et un spoken word dynamique.
Le guitariste porte des pattes d’éléphant, le bassiste sautille dès qu’il le peut, le batteur massacre sa batterie, et Boots Riley, déjà venu à l’Ubu en 2010 avec Ursus Minor, déambule sur scène dans un costume suranné, son micro à la main. Toute la force du groupe réside en plusieurs points : un funk qui coule dans les veines sans problème, un son rock qui a bien compris la force d’une basse et d’une batterie réunies, des compositions qui font une belle part aux passages vocaux assurés par la chanteuse Silk-E, et un flow qui vient miraculeusement se poser sur tout ça. Une fois la machine lancée, difficile de l’arrêter, le public se marche sur les pieds allègrement et hurlera pour faire revenir le groupe. En tournée pour présenter un nouvel album intitulé Sorry to bother you et dont la sortie est imminente, The Coup a réussi avec rage à faire vibrer les murs de la salle. Une rage d’un engagement non dissimulé qui leur valut quelques ennuis avec le FBI fin 2001 suite à une pochette provocatrice. Aucune surprise donc de retrouver le rappeur Boots Riley avec Tom Morello, guitariste de Rage Against The Machine, dans un autre projet intitulé Street sweeper social club.
The Coup, qui vous apprendra bien sûr « 50 millions de façons de tuer un PDG », c’est efficace, révolté et ça bouge dans tous les sens. Que demander de plus ? Ah oui, une vidéo pour consoler ceux qui ne les ont pas encore vus en concert.
Le site de The Sophia Lorenians