Keny Arkana était fortement attendue ce jeudi 4 octobre à l’Antipode, une date de sa tournée pour son prochain album Autour du soleil qui ne devrait pas tarder à sortir. Retour sur une soirée surchauffée qui a fait hurler de rage la salle qui affichait complet.

Devant l’entrée de l’Antipode, quelques personnes quémandent « Vous n’auriez pas une place à vendre » ? Certains tentent donc leur chance pour un sésame afin de profiter du concert de la marseillaise qui poursuit sa trajectoire dans le domaine du rap avec un succès encore grandissant. Et pour cause. Keny Arkana s’associe en ligne directe avec les mouvements altermondialistes comme celui des Indignados, élargissant ainsi son public. Depuis l’Esquisse, son premier album, la jeune militante a parcouru du terrain, bouffé la scène, avec une énergie qui n’est plus à démontrer. Une rage contre ce « nouvel ordre mondial » auquel le public s’est rapidement associé.

Après une courte première partie de son acolyte RPZ, Keny Arkana entre sur scène avec « Buenos dias »; le public est déjà déchaîné. Se succèdent ensuite de nombreux titres, « J’me barre » en acoustique, puis des nouveaux, récents ou plus anciens comme « La mère des enfants perdus » (et son beau passage de scratching), « Ils ont peur de la liberté » ou encore « La Rage » pour le final. L’artiste vit ses textes, lâche de nombreux sourires, et que ce soit l’inquiétude ou la révolte, tout transpire. Comme le public en nage, qui a transformé l’Antipode en bouilloire explosive pendant près de deux heures. La rappeuse est désormais accompagnée sur scène de plusieurs musiciens (basse, guitare, batterie). Une touche intéressante, mais qui pour certains nouveaux titres passe mal; avec un style flirtant entre le flow du rap et des instrumentaux plus « traditionnels », les textes s’en retrouvent parfois étouffés, et surtout le son est fort. Beaucoup trop fort. Ce qui pour du texte est souvent problématique, et ne sert en rien la musique (à ce propos qu’en est-il aujourd’hui de cette belle politique de protection de nos oreilles face aux décibels hurlants ?).

Mais qu’importe les décibels puisque le public en produit un bon nombre; un public participatif, qui dialogue, qui chante, qui lève le poing en l’air, et qui semble être bien content de partager l’indignation et la colère avec Keny Arkana, quelque soit l’âge de l’auditoire (qui allait de 17 à 60 ans). Ce qui est toujours agréable à voir. Un concert réussi donc, même si les amateurs de l’opus Entre ciment et belle étoile ont noté un certain changement de direction dans la carrière de Keny Arkana, avec des productions différentes et un léger changement de plume.

Un concert qui entame donc une rentrée chargée en hip-hop puisque l’Antipode accueille prochainement La Rumeur tandis que l’Ubu recevra The Coup le même soir.