Danyèl Waro n’est pas encore arrivé que le public du Triangle applaudit déjà. L’artiste réunionnais rentre sur scène accompagné de ses trois musiciens. Chemise blanche légère, Danyèl Waro entame le concert sans artifice, sa voix forte et vibrante s’installe, les percussions se lancent.

Le public ne s’y trompe pas, le maloya est là, et se lancent déjà quelques mots en créole venus des fauteuils. Des fauteuils ? Ils seront bien vite abandonnés, écouter cette musique de La Réunion assis parait impossible. L’artiste, qui a l’habitude de rejoindre son auditoire, n’a presque pas à insister ; la salle est déjà debout pour danser et restera ainsi jusqu’à la fin, reprenant des refrains en chœur ou marquant le rythme. Le rythme, c’est l’un des ingrédients de cette musique directement issue du chant des esclaves. Prohibé en 1950, le maloya porte dans son chant les mêmes teintes que le blues, une souffrance et une douleur palpables. Douleur évoquée dans un sourire par Danyèl Waro lorsqu’il parle de son emprisonnement en métropole ; ayant refusé le service militaire, il se voit condamné à deux ans de prison. C’est le début de l’écriture et de son goût grandissant pour le maloya, la musique des anciens qu’il doit notamment à Madeleine et au poète Alain Peters, personnes à qui il rend hommage.

Mais la générosité réunionnaise fait surtout hommage au public qui se régale. Les musiciens offrent tout avec leurs instruments traditionnels, comme le kayamb, un cadre en bois rempli de graines, ou le roulèr, percussion tenue entre les jambes. Le trio qui accompagne Waro soutient sa joie ou ses complaintes distillées avec émotion, ainsi que ses pas de danse. L’artiste reviendra pour un seul bis, un seul. Un peu court. Mais pendant cette heure de musique, un petit bout de La Réunion était au Triangle.