Le ciel est bleu – Histoire de la photographie en couleurs

Nathalie Boulouch, maître de conférences à l’université Rennes 2, proposait le 8 novembre aux Champs-Libres et à l’occasion de la sortie de son livre Le ciel est bleu, une approche de l’histoire de la photographie en couleurs. Avec une approche chronologique développée, partant des enjeux techniques, Nathalie Boulouch a retracé le fil de la lente reconnaissance de la couleur, évoquant ainsi évolutions techniques et débat esthétique ; impossible ici de retracer une heure et demie (voire deux !) de conférence, instructive et appuyée d’exemples photos, alors résumons les temps forts de cette évolution.

Boulevard du temple, Daguerre, 1838

Dès 1839, Louis Daguerre et son procédé de tirages positifs grâce à des plaques de cuivre place la photographie dans la voie du noir et blanc. Mais la couleur, très présente à l’époque en littérature et en peinture, cherche donc à s’imposer naturellement dans la photographie. De nombreux essais et recherches iront dans ce sens, que ce soit avec l’application de pigments végétaux, une orientation photochimique puis des méthodes de synthèse additive ou soustractive (quelques connaissances en physique chimie sont nécessaires lorsqu’on s’attaque aux multiples procédés photographiques !).


Georges Chevalier, Roscoff, 1920, procédé autchromeEn 1888, apparition du procédé photochrome qui consiste à combiner négatifs photos et une impression lithographique ; cette technique connaîtra un grand succès et une belle diffusion. Suite à la collaboration du physicien Gabriel Lippmann et des frères Lumières, c’est la plaque autochrome dont le brevet est déposé en 1903 qui dominera jusqu’en 1936. S’ensuit alors le débat couleur versus noir et blanc ; Paul Strand déclare en 1907 « Photographie et couleur n’ont rien à voir ensemble ». La messe est dite. Ou presque. La couleur dès 1945 s’impose dans des domaines comme les magazines de mode, et sûrement ce qui lui portera le plus préjudice, dans la pratique amateur. Kodak et son procédé Kodachrome veut instaurer la couleur grand public, et c’est naturellement qu’il suit cette voie, avec le développement de l’Instamatic. Mais la plupart des critiques dénigrent la pratique de la photographie en couleur, comme c’est le cas de Walker Evans qui donne son avis en 1969 « La photo couleur est vulgaire »… pour finalement se mettre au polaroïd en 1973 ; la caution artistique de la photographie couleur est effective à cette période qui voit exploser l’utilisation de la couleur dans les pratiques amateurs pour atteindre 97.5 % du marché en 2005.

Ce petit fil n’évoque pas nombre de photographes cités, comme Antonin Personnaz et son esthétique impressionniste, Edward Steichen ou encore Erwin Blumenfeld, mais vous pouvez compléter cet aperçu en lisant les articles de Nathalie Boulouch parus dans Études photographiques comme Couleur versus noir et blanc ou Les passeurs de couleur 1976 et ses suites.

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